Couple de statues Inungu Djonga
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Couple de statues Inungu Djonga

République démocratique du Congo

Details
Couple de statues Inungu Djonga
République démocratique du Congo
Hauteurs : 62 et 70 cm. (24 3⁄8 and 27 ½ in.)
Provenance
Collection Joseph-Hans (Jo) Christiaens, Bruxelles, acquis ca. 1985
Literature
Felix, M., 100 Peoples of Zaire and Their Sculpture, Bruxelles, 1987, p. 45, n° 5
Further details
Couple of Inungu Djonga Figures, Democratic Republic of the Congo

Brought to you by

Alexis Maggiar
Alexis Maggiar International Head, African & Oceanic Art, Vice Chairman of Christie's France

Lot Essay

Véritable redécouverte mise en lumière par Marc Leo Felix dans son ouvrage 100 Peoples of Zaire and their Sculpture (Bruxelles, 1987, p. 45), ce couple de statues Jonga, d’une rareté exceptionnelle, s’inscrit dans un corpus restreint de moins d’une dizaine d’œuvres répertoriées, dont la majorité est aujourd’hui conservée dans des collections publiques. Le seul autre couple connu, d’ancienneté moindre, se trouve au Musée national de la République démocratique du Congo.

Les Jonga sculptent des figures d’une grande économie formelle, caractérisées par un visage taillé en méplat, marqué d’une longue scarification verticale courant de l’arête nasale jusqu’au milieu du front, motif que l’on retrouve dans la région de l’Ubangi. Les visages, recouverts de pigments rouges et ocres, évoquent des rites de passage ou de guérison, symbolisant le franchissement d’un état à un autre. À l’instar de leurs voisins Komo, les Jonga intègrent dans leur art une cosmologie riche en oppositions : le blanc, associé à la lune, à la maladie, aux ancêtres inconnus ou à la féminité indisposée, renvoie à ce qui est bas, instable ou en déclin ; tandis que le rouge, couleur du soleil, de la vitalité, de la santé et des ancêtres connus, incarne la plénitude de la vie et l’ordre restauré. Dans les rites de guérison, ces deux teintes, antithétiques mais complémentaires, se conjuguent dans un processus de régénération, où le désordre (blanc) prépare le retour à l’ordre (rouge).

La posture des figures, dont les bras se rejoignent dans un geste mesuré, semble exprimer une protection bienveillante, une invocation silencieuse à la continuité du lignage et de la vie. Par l’équilibre de ses volumes, la sobriété de ses formes et la richesse symbolique de sa polychromie, ce couple illustre avec une force singulière la conception jonga de l’harmonie entre les mondes visible et invisible. Chef-d’œuvre d’une tradition plastique rare, il se distingue autant par la maîtrise de son exécution que par la profondeur spirituelle qu’il incarne.

A true rediscovery brought to light by Marc Leo Felix in his work 100 Peoples of Zaire and Their Sculpture (Brussels, 1987, p. 45), this pair of Jonga figures, of exceptional rarity, belongs to a corpus of fewer than ten recorded works, most of which are today held in public collections. The only other known pair, of more recent date, is housed in the Musée national de la République démocratique from Congo.

The Jonga carve figures of great formal economy, distinguished by a flattened facial plane marked by a long vertical scarification running from the bridge of the nose to the center of the forehead, a motif also found in the Ubangi region. The faces, covered with red and ochre pigments, evoke rites of passage or healing, symbolizing the transition from one state of being to another. Like their Komo neighbors, the Jonga incorporate into their art a cosmology rich in oppositions: white, associated with the moon, illness, unknown ancestors, or menstrual femininity, refers to what is low, unstable, or in decline; whereas red, the color of the sun, vitality, health, and known ancestors, embodies the fullness of life and the restoration of order. In healing rituals, these two hues, antithetical yet complementary, are united in a process of regeneration, in which disorder (white) prepares the return to order (red).

The posture of the figures, whose arms meet in a restrained gesture, seems to express a benevolent protection, a silent invocation to the continuity of lineage and of life itself. Through the balance of its volumes, the sobriety of its forms, and the symbolic richness of its polychromy, this pair powerfully exemplifies the Jonga conception of harmony between the visible and invisible worlds. A masterpiece of a rare sculptural tradition, it stands out as much for the mastery of its execution as for the spiritual depth it embodies.

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