拍品專文
Jean-Baptiste II Tilliard (1723-1798)
Jacques Jean-Baptiste Tilliard, surtout connu sous le nom de Jean-Baptiste II Tilliard qui le différencie de son père, fit ses armes dans l’atelier familial Aux Armes de France où il reçut une formation longue et complète. Bien que maître dès 1752, ce n’est que quatorze ans plus tard qu’il prendra véritablement son envol. En effet, en 1766, récupérant l’entreprise paternelle ainsi que son titre de « Menuisier du Garde-Meuble du Roi », il abandonne définitivement la menuiserie en bâtiment pour se tourner vers la menuiserie en sièges.
C’est entouré des plus grands artisans de son époque tels que François-Marie Chaillou, Nicolas François Valois mais encore Toussaint Foliot, que Jean-Baptiste II Tilliard répondra à une demande toujours plus intense de la prestigieuse et non moins exigeante clientèle récupérée de son défunt père. En 1777, au sommet de son art, il sera sollicité par le célèbre marchand-mercier Charles Darnault qui lui fera sans doute une des commandes les plus notables de sa carrière : un fameux ensemble de sièges destiné au Garde-Meuble privé des tantes de Louis XVI Mesdames Victoire et Elizabeth. Contrairement à un certain nombre de ses confrères, la Révolution ne sera pas fatale à Tilliard qui réussira à vivre de ses rentes malgré les événements tragiques de la fin du siècle.
Un maître du style Transition.
Jean-Baptiste II Tilliard sera de ceux qui auront tout au long de la seconde moitié du XVIIIème siècle une évolution stylistique à la fois prudente et réfléchie. Comme en témoigne notre présent canapé, dans les années 1770, Tilliard ne sera jamais en rupture totale avec les formes chantournées propre au style Louis XV des décennies passées. Ses assises par exemple, s’adaptent lentement au nouveau goût néoclassique, ses lignes se raidissent mais la construction conserve sa délicate ondulation. En revanche, les ornements sculptés déjà d’inspiration Louis XVI tels que les dés de raccordement carrés viennent subtilement s’intégrer sur ces traverses cintrées. Jouant de ces nouvelles possibilités Tilliard oscillera entre les styles Louis XV et Louis XVI proposant des combinaisons de constructions et de sculptures parfaitement reconnaissables. Notons la traverse du dossier rectiligne présentant en son centre cette double feuilles d’acanthe toute enguirlandée qui lui est propre. Notre présent canapé est d’ailleurs sans aucun doute le pendant du canapé d’alcôve de l’ancienne collection Giuseppe Rossi, proposé à la vente chez Christie’s à New York le 22 mai 2002, lot 345.
Le Getty Museum possède au sein de ses collections un très bel ensemble de mobilier de cette époque Transition composé de quatre fauteuils et d’un canapé (Inv. 78.DA.99.1-5) en suite avec un écran et une paire de fauteuils du Cleveland Museum of Art (Inv. 1927.423). Dans une démarche similaire à notre présent lot, Tilliard y associe harmonieusement les lignes mouvementées du dossier et de l’assise à certains éléments déjà très néoclassiques tels que des pieds fuselés et cannelés. Sur une structure identique, ce décor très naturaliste ainsi que ces frises d’entrelacs se retrouvent sur le somptueux canapé aujourd’hui conservé à Versailles, qui provenait de l’ancien fond du Garde-Meuble et qui fut transporté au cabinet de toilette de l’Impératrice Eugénie à Saint-Cloud (Inv. GMT 1409).
Jean-Baptiste II Tilliard (1723-1798)
Jacques Jean-Baptiste Tilliard, mainly known as Jean-Baptiste II Tilliard, thus differentiating him from his father, was trained in the family atelier, Aux Armes de France, where he had a long all-round training. Whilst he had been master from 1752 he only became active as such fourteen years later. In fact, in 1766, he took the reins of his father’s atelier as well as reveiving the title « Menuisier du Garde-Meuble du Roi »; from this date he abandons 'la menuiserie en bâtiment', instead focusing on 'la menuiserie en sièges'.
Surrounded by the greatest artists of his time such as François-Marie Chaillou and Nicolas François Valois but also Toussaint Foliot, Jean-Baptiste II Tilliard responded to the ever growing and intense demand from a prestigious and discerning clientèle already formed by his father. In 1777, at the height of his powers, he was approached by the celebrated marchand-mercier Charles Darnault for one of the most notable commissions of his career: the famed suite of seat-furniture executed for the aunts of Louis XVI, Mesdames Victoire and Elizabeth. After the French Révolution he was able to live relatively comfortably from rental income.
A master of the 'style Transition'
Jean-Baptiste II Tilliard maintained a prudent and reflective style throughout the stylistic evolution of the second half of the 18th Century. As demonstrated by the present canapé, executed in the 1770s, Tilliard never completely broke with the curved shapes of the Louis XV style which had been employed in the preceding decades. His seats, for instance, slowly adopt the new neoclassical style, but maintain a light undulation to the stiffened forms. However, carved ornament of Louis style as well as square corner rosettes to the legs and seat-rail joins feature gradually more prominently. Playing with these new possibilities between the Louis XV and Louis XVI styles, Tilliard develops methods of construction and ornamental vocabulary which are perfectly recognisable, to the present canapé one sees the rectangular back headed by garlanded acanthus so characteristic for him. The pendant canapé was sold from the Collection of Giuseppe Rossi, sold Christie’s New York, 22 May 2002, lot 345.
The J. Paul Getty Museum possesses a superb Transitional suite including four fauteuils and a canapé (Inv. 78.DA.99.1-5) which is en suite with a screen and a pair of fauteuils in the Cleveland Museum of Art (Inv. 1927.423). In a similar vein to execution of the present canapé, Tilliard harmoniously combines the light movement of the seat and back with certain neoclassical elements such as the fluted tapering legs. On an identical structure, the naturalistic decoration and the entrelac friezes can be found on a sumptuous canapé at Versailles, originating from the Garde-Meuble and transferred to the 'cabinet de toilette de l’Impératrice Eugénie à Saint-Cloud' (Inv. GMT 1409).
Jacques Jean-Baptiste Tilliard, surtout connu sous le nom de Jean-Baptiste II Tilliard qui le différencie de son père, fit ses armes dans l’atelier familial Aux Armes de France où il reçut une formation longue et complète. Bien que maître dès 1752, ce n’est que quatorze ans plus tard qu’il prendra véritablement son envol. En effet, en 1766, récupérant l’entreprise paternelle ainsi que son titre de « Menuisier du Garde-Meuble du Roi », il abandonne définitivement la menuiserie en bâtiment pour se tourner vers la menuiserie en sièges.
C’est entouré des plus grands artisans de son époque tels que François-Marie Chaillou, Nicolas François Valois mais encore Toussaint Foliot, que Jean-Baptiste II Tilliard répondra à une demande toujours plus intense de la prestigieuse et non moins exigeante clientèle récupérée de son défunt père. En 1777, au sommet de son art, il sera sollicité par le célèbre marchand-mercier Charles Darnault qui lui fera sans doute une des commandes les plus notables de sa carrière : un fameux ensemble de sièges destiné au Garde-Meuble privé des tantes de Louis XVI Mesdames Victoire et Elizabeth. Contrairement à un certain nombre de ses confrères, la Révolution ne sera pas fatale à Tilliard qui réussira à vivre de ses rentes malgré les événements tragiques de la fin du siècle.
Un maître du style Transition.
Jean-Baptiste II Tilliard sera de ceux qui auront tout au long de la seconde moitié du XVIIIème siècle une évolution stylistique à la fois prudente et réfléchie. Comme en témoigne notre présent canapé, dans les années 1770, Tilliard ne sera jamais en rupture totale avec les formes chantournées propre au style Louis XV des décennies passées. Ses assises par exemple, s’adaptent lentement au nouveau goût néoclassique, ses lignes se raidissent mais la construction conserve sa délicate ondulation. En revanche, les ornements sculptés déjà d’inspiration Louis XVI tels que les dés de raccordement carrés viennent subtilement s’intégrer sur ces traverses cintrées. Jouant de ces nouvelles possibilités Tilliard oscillera entre les styles Louis XV et Louis XVI proposant des combinaisons de constructions et de sculptures parfaitement reconnaissables. Notons la traverse du dossier rectiligne présentant en son centre cette double feuilles d’acanthe toute enguirlandée qui lui est propre. Notre présent canapé est d’ailleurs sans aucun doute le pendant du canapé d’alcôve de l’ancienne collection Giuseppe Rossi, proposé à la vente chez Christie’s à New York le 22 mai 2002, lot 345.
Le Getty Museum possède au sein de ses collections un très bel ensemble de mobilier de cette époque Transition composé de quatre fauteuils et d’un canapé (Inv. 78.DA.99.1-5) en suite avec un écran et une paire de fauteuils du Cleveland Museum of Art (Inv. 1927.423). Dans une démarche similaire à notre présent lot, Tilliard y associe harmonieusement les lignes mouvementées du dossier et de l’assise à certains éléments déjà très néoclassiques tels que des pieds fuselés et cannelés. Sur une structure identique, ce décor très naturaliste ainsi que ces frises d’entrelacs se retrouvent sur le somptueux canapé aujourd’hui conservé à Versailles, qui provenait de l’ancien fond du Garde-Meuble et qui fut transporté au cabinet de toilette de l’Impératrice Eugénie à Saint-Cloud (Inv. GMT 1409).
Jean-Baptiste II Tilliard (1723-1798)
Jacques Jean-Baptiste Tilliard, mainly known as Jean-Baptiste II Tilliard, thus differentiating him from his father, was trained in the family atelier, Aux Armes de France, where he had a long all-round training. Whilst he had been master from 1752 he only became active as such fourteen years later. In fact, in 1766, he took the reins of his father’s atelier as well as reveiving the title « Menuisier du Garde-Meuble du Roi »; from this date he abandons 'la menuiserie en bâtiment', instead focusing on 'la menuiserie en sièges'.
Surrounded by the greatest artists of his time such as François-Marie Chaillou and Nicolas François Valois but also Toussaint Foliot, Jean-Baptiste II Tilliard responded to the ever growing and intense demand from a prestigious and discerning clientèle already formed by his father. In 1777, at the height of his powers, he was approached by the celebrated marchand-mercier Charles Darnault for one of the most notable commissions of his career: the famed suite of seat-furniture executed for the aunts of Louis XVI, Mesdames Victoire and Elizabeth. After the French Révolution he was able to live relatively comfortably from rental income.
A master of the 'style Transition'
Jean-Baptiste II Tilliard maintained a prudent and reflective style throughout the stylistic evolution of the second half of the 18th Century. As demonstrated by the present canapé, executed in the 1770s, Tilliard never completely broke with the curved shapes of the Louis XV style which had been employed in the preceding decades. His seats, for instance, slowly adopt the new neoclassical style, but maintain a light undulation to the stiffened forms. However, carved ornament of Louis style as well as square corner rosettes to the legs and seat-rail joins feature gradually more prominently. Playing with these new possibilities between the Louis XV and Louis XVI styles, Tilliard develops methods of construction and ornamental vocabulary which are perfectly recognisable, to the present canapé one sees the rectangular back headed by garlanded acanthus so characteristic for him. The pendant canapé was sold from the Collection of Giuseppe Rossi, sold Christie’s New York, 22 May 2002, lot 345.
The J. Paul Getty Museum possesses a superb Transitional suite including four fauteuils and a canapé (Inv. 78.DA.99.1-5) which is en suite with a screen and a pair of fauteuils in the Cleveland Museum of Art (Inv. 1927.423). In a similar vein to execution of the present canapé, Tilliard harmoniously combines the light movement of the seat and back with certain neoclassical elements such as the fluted tapering legs. On an identical structure, the naturalistic decoration and the entrelac friezes can be found on a sumptuous canapé at Versailles, originating from the Garde-Meuble and transferred to the 'cabinet de toilette de l’Impératrice Eugénie à Saint-Cloud' (Inv. GMT 1409).